(Swans - 22 février 2010) Chaque semaine dans notre beau pays vallonné amène un sujet de réflexion, d'indignation ou de mépris temporaire.
Cette semaine le sujet est : « Identité Nationale Française » qui fleure un peu le pléonasme. Au mieux il y a un mot de trop. Est-ce nationale ? Est-ce Française ?
Identité : « reconnaissance d'un individu par lui-même ou par les autres ». Il vaudrait mieux « et par les autres ».
Nationale : qui appartient à la Nation, à l'origine peuple puis Etat, c'est le concept à problème. On est tous nationaliste de quelque chose de différent.
Française : en général associé à la langue et à la République - mots qui, eux, peuvent être associés à d'autres contrées.
En Amérique on est d'abord Américain ; en France on est d'abord d'ailleurs. Comment cimenter toutes ces différences ?
La France est le pays des discussions sans fin, des mosaïques d'identités : le Toulousain que le Bordelais trouve vulgaire n'aime pas le Bordelais et sa condescendance, le lyonnais est seul au monde, le Basque n'est d'ici que du bout des lèvres, le Catalan est Catalan, le Breton est dans ses terres, l'Aveyronnais travaille en France c'est-à-dire au dessus de la Loire, les Corses font des affaires sur le « continent », les Harkis n'ont plus de pays, les Pieds Noirs sont toujours de « là-bas » et la grande solution c'est d'être Européen, ce qui pour la plupart des Français ne veut rien dire : c'est la grande échappatoire.
Pourtant la France, il ne faut pas la toucher, c'est la mère dispensatrice de bienfaits qu'on exècre dans un grand syndrome Oeudipien. On a peur et honte à la fois d'en aimer l'idée. Comment font-ils les Américains pour aimer ou ne pas voir, même les défauts de leur Amérique ?
Mon père avait 28 ans quand il est mort dans les Ardennes Françaises au sein du bataillon de tirailleurs Sénégalais dont il était le médecin.
Tous, lui grand et blond, eux noirs et bruns, ont fait partie de ce gâchis de jeunes hommes qu'on a envoyé sciemment se faire massacrer en mai 1940 par les bombes alors ennemies quand les jeux de la guerre étaient déjà officieusement finis.
Tout ça c'est du passé me direz vous. Mais c'est un passé qui se répète au jour le jour dans tous les coins de la planète.
La France, elle est dans les livres, dans une langue qui était courtoise, qui manie l'hypocrisie avec élégance. Mais elle existera vraiment quand chacun la verra dans les yeux de son voisin.
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