by Boris Vian (1920-1959)
In French and English
(English translation: Marie Rennard)
(Swans - May 21, 2007)
Je mourrai d'un cancer de la colonne vertébrale Ce sera par un soir horrible Clair, chaud, parfumé, sensuel Je mourrai d'un pourrissement De certaines cellules peu connues Je mourrai d'une jambe arrachée Par un rat géant jailli d'un trou géant Je mourrai de cent coupures Le ciel sera tombé sur moi Ca se brise comme une vitre lourde Je mourrai d'un éclat de voix Crevant mes oreilles Je mourrai de blessures sourdes Infligées à deux heures du matin Par des tueurs indécis et chauves Je mourrai sans m'apercevoir Que je meurs, je mourrai Enseveli sous les ruines sèches De mille mètres de coton écroulé Je mourrai noyé dans de l'huile de vidange Foulé aux pieds par des bêtes indifférentes Et juste après par des bêtes différentes Je mourrai nu, ou vêtu de toile rouge Ou cousu dans un sac avec des lames de rasoir Je mourrai peut être sans m'en faire Du vernis à ongles aux doigts de pied Et des larmes plein les mains Et des larmes plein les mains Je mourrai quand on décollera Mes paupières sous un soleil enragé Quand on me dira lentement Des méchancetés à l'oreille Je mourrai de voir torturer des enfants Et des hommes étonnés et blêmes Je mourrai rongé vivant Par des vers, je mourrai Les mains attachées sous une cascade Je mourrai brûlé dans un incendie triste Je mourrai un peu, beaucoup, Sans passion, mais avec intérêt Et puis quand tout sera fini Je mourrai. |
I'll die of a cancer of the spinal column It will happen on an awful evening Clear, hot, perfumed and sensual I'll die of the putrefaction Of some little known cells I'll die of a leg torn out By a huge rat burst out from a huge hole I'll die of a hundred of cuts The sky will have fallen on me That breaks like a heavy window I'll die of a shriek Running through my ears I'll die of muffled wounds Inflicted late in the night By bald and wavering killers I'll die without even knowing That I'm dying, I'll die Buried in the dry ruins Of one thousand meters of collapsing cotton I'll die drowned in dirty motor oil Overridden by indifferent insects And just after, by different ones I'll die naked, or wrapped in a red cloth Or sewed into a bag with razor blades Maybe I'll die without worrying And with nail polish on my toes And my hands filled with tears And my hands filled with tears I'll die my eyelids torn off Under a furious sun When I am told, slowly Cruel things in my ear I'll die of seeing kids tortured And men surprised and deathly pale I'll die eaten alive by worms I'll die my hands bound to a waterfall I will die burnt into a sad fire I'll die a bit, I'll die a lot, I'll die without passion, but I'll die interested And then, when everything's over I'll die. |
Source: Je voudrais pas crever, recueil de vingt-trois poèmes publié en juin 1962 par Jean-Jacques Pauvert, en même temps que Romans et Nouvelles (réunissant l'Herbe rouge et l'Arrache-cur).
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