Swans Commentary » swans.com 30 janvier 2012  

 


 

 

Swans en français

 

Mary Anning (1799-1847)
La plus grande chercheuse de fossiles que le monde ait connue.

 

Hugh Torrens
(Traduit par Marie Rennard)

 

 

 

 

L'article en anglais se trouve à cette adresse :
http://www.ucmp.berkeley.edu/history/anning.html -- Cette traduction et sa publication sont autorisées par l'auteur.

 

(Swans - 30 janvier 2012)   Bien qu'on ait consacré à Mary Anning plusieurs livres et articles, on sait relativement peu de choses de sa vie, et nombreux sont ceux qui ignorent l'ampleur de sa contribution à la paléontologie dès l'origine de cette discipline.

Comment peut-on expliquer cette négligence ? Par le fait qu'elle était une femme, dans une Angleterre d'hommes. Mary est née en 1799, de Richard et Mary Anning à Lyme Regis, sur la côte sud de la Grande Bretagne. Une bourgade aux falaises riches en fossiles marins spectaculaires datant du Jurassique. Richard et Mary eurent dix enfants, dont seuls deux, Mary et Joseph, atteignirent l'âge adulte. Richard, ébéniste, ne se consacrait qu'occasionnellement à la chasse aux fossiles et mourut en 1810, laissant sa famille dans la misère, sans personne pour subvenir à leurs besoins. Il avait cependant, avant de mourir, transmis à sa femme et à ses enfants ses compétences de chercheur de fossiles, fait qui aurait des conséquences inattendues pour la science naissante de la paléontologie.

Jusqu'au début des années 1820, les Anning vivent dans la pauvreté et l'anonymat, vendant les fossiles trouvés au Lieutenant Colonel Thomas Birch, rencontré alors qu'ils se débattent dans une situation financière désespérée. Birch, estimant que les Anning « découvreurs des plus intéressants spécimens soumis à l'étude scientifique » n'auraient pas dû vivre dans d'aussi « considérables difficultés » décide d'organiser une vente aux enchères de ses plus précieux fossiles, et de leur en verser le produit.

A cette époque-là, Mary Anning mère gère encore le commerce des fossiles. C'est au milieu des années 1820 que Mary Anning fille, s'étant taillé une solide réputation de « trouveuse » et d'anatomiste accomplie reprend l'affaire familiale. Son frère Joseph embrasse l'état de tapissier, abandonnant la recherche des fossiles à sa sœur.

C'est en partie à tort qu'on a présenté Mary Anning comme la découvreuse du premier fossile d'ichtyosaure. Même si elle a effectivement participé à la découverte de ce premier spécimen soumis à la communauté scientifique de Londres, probablement mis à jour entre 1809 et 1811 (Mary n'avait que dix ou douze ans), en dégageant l'essentiel des os fossiles, ceux-ci avaient été repérés par son frère un an auparavant. Toute la famille Anning était alors engagée dans la chasse aux fossiles, mais c'est à Mary, à ses compétences et son œil exercé, que l'on doit les plus remarquables trouvailles, et l'essentiel des revenus de la famille.

Les fossiles trouvés et préparés par Mary étaient extrêmement recherchés non seulement par les musées et les scientifiques, mais également par la noblesse européenne, férue de collections de fossiles et autres « curiosités ».

Mary fut à l'origine de nombreuses découvertes, l'ichtyosaure précité bien sûr, ainsi que nombre d'autres squelettes de cette espèce. Mais sa plus importante découverte, d'un point de vue scientifique, est sans doute celle du premier plésiosaure. Le célèbre anatomiste français Cuvier avait, après avoir pris connaissance d'un dessin détaillé de l'animal, mis en doute l'authenticité de cette découverte. Lorsqu'il comprit qu'il ne s'agissait pas d'une contrefaçon, les Anning furent enfin légitimés et respectés de la communauté scientifique.

Malgré cette reconnaissance, la majorité des trouvailles de Mary finit dans des musées et des collections personnelles sans qu'on cite même son nom.

Le temps passant, Mary Anning et sa famille furent oubliés de la communauté scientifique et des historiens, peu de documents mentionnant son rôle.

Cette négligence à l'égard de Mary Anning et de sa contribution à la paléontologie est due tout ensemble à son statut social et à son sexe. Nombre de scientifiques de l'époque ne pouvaient croire qu'une jeune femme de basse extraction pouvait posséder les connaissances et compétences dont elle faisait preuve. On lit, par exemple, en 1824, sous la plume de Lady Harriet Silvester, veuve de l'ancien Greffier de la City de Londres ces quelques lignes écrites après qu'elle ait rencontré Mary Anning ; « Ce qui est extraordinaire avec cette jeune femme, est qu'elle est si familiarisée avec la science qu'elle sait, dès qu'elle a mis la main sur un os, à quelle espèce appartient celui-ci. Elle fixe l'os sur un support avec du ciment, le dessine, et en fait des gravures... c'est certainement un effet de la faveur divine que cette fille pauvre et ignorante soit bénie au point que par la seule lecture et l'application, elle ait réussi à atteindre ce niveau de connaissance ainsi qu'à écrire et échanger avec des professeurs et d'autres hommes brillants sur le sujet, et que ceux ci reconnaissent qu'elle a plus de connaissances dans cette science que n'importe qui d'autre dans ce royaume ».

Certes, le compliment adressé par Lady Silvester est important. Cependant seule la « faveur divine » est évoquée pour expliquer qu'une telle femme détienne pareil savoir. Il est clair, cependant, que Mary Anning n'était pas seulement une collectionneuse, mais aussi une scientifique parfaitement versée dans son domaine, et qui a reçu le respect des ses pairs. Ses découvertes ont joué un grand rôle dans la reconstruction de l'histoire de la vie de notre monde.

 

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Hugh Torrens, est un professeur de géologie à l'université de Keele, Staffordshire, Royaume Uni. -- Marie Rennard sur Swans. Marie est l'éditrice en chef du coin français.   (back)

 

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Swans -- ISSN: 1554-4915
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Published January 30, 2012



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